2001 : l’Odyssée de l’espace (1968)
Ce film fascinant de Stanley Kubrick, 2001 : l’Odyssée de l’espace, sorti en 1968, sur un scénario d’Arthur C. Clarke aujourd’hui décédé, a la réputation d’être un poil incompréhensible (si on n’a pas lu le livre). C’est qu’il abordait une question relevant de la métaphysique, voire du Café du Commerce, dont je devine que tu la poses chaque matin au saut du lit. Je n’ignore pas en effet, lecteur qu’aucune interrogation majeure ne laisse indifférent, que tu te demandes pourquoi les extraterrestres, qui nous visitent si fréquemment à bord de leurs soucoupes volantes, n’ont jamais pris la peine de nous adresser la parole, voire de se faire interviewer par Claire Chazal. C’est qu’ils n’y ont vu aucun intérêt, leur intelligence étant très supérieure à la nôtre – y compris à nous autres Français, en dépit d’un système scolaire que le monde entier nous envie ! Imagine en effet que nous, Terriens, débarquions sur Mars pour n’y trouver, en guise de Martiens, que des poulets aux hormones, des fans de Bigard ou des candidats de la Star Academy : qu’aurions-nous à faire de vouloir « dialoguer » avec eux ?
Voici par conséquent de quoi délabyrinther l’histoire que raconte le film.
Aux temps préhistoriques, des extraterrestres, venus du voisinage de Jupiter, sont venus sur Terre et n’y ont trouvé que des primates. N’ayant pas le temps d’attendre qu’ils aient appris à communiquer suffisamment pour faire bonne figure face à Julien Lepers, ils leur ont laissé un souvenir plus original que le traditionnel baromètre orné de coquillages qu’on offre dans ces cas-là, et ils ont opté plutôt pour un monolithe noir, sorte d’objet magique qui aura pour effet d’accélérer un peu le processus de maturation nécessité par l’état du cerveau de nos ancêtres pas encore gaulois. Puis, faisant escale sur la Lune, ils y ont enterré un second monolithe, magnétisé, et capable, lui, d’envoyer vers Jupiter des ondes radio, à la condition qu’il soit frappé par la lumière du Soleil. Mets-toi un instant dans la peau d’un E.T. : « Les futurs hommes sont pour l’instant au degré zéro de l’intelligence, disons celle d’un lecteur de Paulo Coelho ou de Marc Lévy, mais, dès qu’ils en seront au stade de la conquête spatiale, leur première escale dans l’espace sera forcément la Lune. À ce moment, s’ils sont assez futés pour s’apercevoir que notre monolithe enterré à douze mètres sous le sol lunaire émet un fort champ magnétique, leur curiosité scientifique les poussera à le déterrer, et, dès que le Soleil l’illuminera, il NOUS enverra un signal radio. Ainsi, nous saurons que les hommes ont atteint le stade idoine pour que nous puissions communiquer avec eux ».
Et c’est ce qui se passa ! Ayant compris le truc et su que le signal radio partait vers Jupiter, les hommes résolurent d’envoyer dans cette direction une mission spatiale, Discovery, avec à bord cinq scientifiques (dont trois en état d’hibernation) et un super-ordinateur, HAL 9000.
Oui, mais voilà, HAL avait une mission secrète, tout faire pour que l’expédition réussisse, même s’il fallait éliminer les humains du vaisseau spatial. Or, incident technique ou mauvaise programmation, HAL s’est mis à pédaler dans la choucroute, et, persuadé que les astronautes non endormis, Dave et Frank, avaient de mauvaises intentions, il tente en effet de les tuer. Mais, Frank et les hibernants morts, c’est Dave, seul survivant, qui déconnecte HAL, et la mission se poursuit sans le super-ordinateur.
Après cela, le film ne vous dit plus rien (trente-deux minutes sans un mot de dialogue), et, prenant les spectateurs pour des adultes, leur laisse le soin de comprendre tout seuls que les Jupitériens ont pris en charge le vaisseau avec Dave à son bord. Dave accomplit alors un cycle complet : il devient vieillard, puis agonisant, puis renaît en bébé… qui est à la fois planète et pur esprit, chargé de veiller sur l’Humanité. Et là, tu me vois désespéré d’avouer qu’Allociné ne te raconte pas tout ça. Alors, merci qui ?
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