Adam’s apples (2006)
Sale endroit que cette paroisse où la photo du Führer dégringole dès qu’une porte claque (par la même occasion, la Bible en profite pour atterrir sur le plancher, systématiquement ouverte sur les premières lignes du Livre de Job, ce passage où Dieu inflige épreuve sur épreuve au pauvre bougre). Mais tout ça ne serait rien si le pasteur Ivan ne gardait contre vents et marées un sourire béat en travers du visage et n’avait en magasin des discours lénifiants pour toutes les circonstances.
Bref, pour Adam le néo-nazi, la réhabilitation c’est pas de la tarte. Invité à se fixer un objectif durant les trois mois de sa liberté conditionnelle au sein de la paroisse, il a choisi de faire un gâteau. Avec les pommes du verger. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais on dirait que le Diable s’en mêle: corbeaux ravageurs, vers dévoreurs, foudre qui frappe avant l’heure… de la cueillette – le sort s’acharne. Adam aussi, mais pas moyen de faire renoncer Ivan à sa béatitude: pas même en lui cassant le nez.
Car Ivan, affligé d’une tumeur au cerveau de la taille d’une ballon de foot (ou presque), s’est réfugié dans le déni: déni de son enfance d’enfant martyr, de la maladie de son fils réduit à l’état de légume, du suicide de sa femme, de la méchanceté des hommes… et de Dieu. Alors Adam s’attaque à la foi d’Ivan avec la plus terrible des armes, la vérité; il l’en matraque si fort qu’Ivan finit par retomber de son petit nuage et commence à en crever.
Et avec lui toute la petite communauté qui avait fini par cristalliser autour de son inébranlable sérénité de fou furieux. Pour finir, les potes néo-nazis d’Adam se pointent, font du scandale et envoient le pasteur à l’hôpital avec une balle dans la tête. Adam se retrouve à devoir assumer toute la bande de cinglés recueillis par Ivan, il sauve la nympho des causes humanitaires du délire du champion de tennis obèse armé d’une aubergine géante et d’un flacon d’huile à salade, arrive à sauver du désastre quatre ou cinq pommes que les autres s’empressent de boulotter, etc.
Pour finir, Adam récupère la dernière pomme, braque un four électrique dans une station-service que le reste de la bande vient de dévaliser, fait cuire un gâteau minuscule et l’apporte à Ivan sur son lit d’hôpital. Mais Ivan n’y est plus: tout guilleret, il l’attend au jardin. La balle a emporté la tumeur, le pasteur a recouvré son inaltérable bonne humeur; ils partagent le gâteau et s’en retournent ensemble à la paroisse accueillir de nouveaux délinquants en mal de rédemption.
Si tu veux savoir comment ce film danois a été reçu par la critique française, va donc faire un tour sur Allocine.