Ciao Stefano (2008)
Le titre original de ce film italien réalisé par Gianni Zanasi est Non pensarci (n’y pense pas). Ce qui définit bien le caractère de Stefano, trente-six ans (Dino Abbrescia), qui n’a rien d’un bagarreur et serait plutôt enclin à éviter les problèmes, les siens comme ceux des autres.
Pourtant, de problèmes, il ne manque pas : lorsque le chanteur de son groupe de rock punk plutôt ringard se lance de la scène pour plonger dans la foule – si l’on peut dire –, les spectateurs s’écartent, il s’écrase au sol, et le concert s’arrête net, on s’en doute. Puis Stefano découvre que sa femme le trompe avec le guitariste d’un autre groupe. Mais il n’est pas du genre à se chicorner avec un rival, il ne discute même pas, il abandonne.
Quittant Rome pour aller, comme disent les publicitaires – qui nous enchantent quotidiennement par leurs trouvailles –, « se ressourcer » chez ses parents, il accumule les bourdes. Ainsi, prié d’aller chercher ses neveux à la sortie de l’école, il part en vadrouille avec eux, leur achète un chien qui pue, et leur fait des démonstrations de dérapage contrôlé en voiture sur un parking désert ; le petit neveu vomit, et la police lui sucre son permis. Pour faire diversion, il raconte à ses parents que sa sœur est lesbienne, ce qui est complètement inventé ! Tête des géniteurs, qui s’efforcent de « comprendre » la présumée disciple de Sapho (non, pas la chanteuse)…
Pour ne rien arranger, son frère Alberto tombe amoureux d’une call-girl, et l’entreprise d’emballage de cerises en bouteille que lui a laissé leur père à la retraite est au bord de la faillite : les employés n’ont pas été payés depuis trois mois.
Enfin, lorsque le plus jeune député d’Italie promet de les aider s’il vient jouer du Chopin (!) pour l’anniversaire de sa mère, il se pointe un jour trop tôt, ne salue personne, et, sans même s’asseoir devant le piano, joue le septième Prélude de Chopin, le morceau le plus court de l’histoire de la musique ! Or cela ne servira pas : le jeune député avoue que son parti l’a choisi pour sa belle gueule, qui fait si bien sur les couvertures de magazine, mais en fait, au parti, le jeunot plein d’avenir compte autant que Rama Yade pendant une visite officielle de Kadhafi. L’usine sera sauvée autrement, par un copain du père en retraite, qui a de l’argent et veut investir.
Tu as compris, lecteur futé, que notre ami est hors normes, et ne fait ni ne ressent rien comme tout le monde. Ainsi, tout le monde semble empressé à lui faire des confidences, qu’il n’a nulle envie d’écouter, par exemple quand sa mère lui révèle qu’elle a trompé son mari et que Stefano n’est pas le fils de celui qu’il croyait son père : « J’allais beaucoup mieux quand on se mentait. Pourquoi on ne se raconte pas plutôt des conneries, comme avant ? ». Je suis certain que, toi aussi, tu rêves de ça et que tu en as marre de ces gens qui s’expliquent sans arrêt, partout, comme dans un gigantesque confessionnal.
À la fin, remis sur pied, Stefano retourne à son orchestre, et cette fois, c’est lui qui plonge dans le public ; arrêt sur images, on ne saura pas si les spectateurs, cette fois, l’attraperont au vol, mais il y a de l’espoir. Comme quoi, tous les films n’ont pas une fin ! Il est donc inutile que tu ailles consulter Allocine pour en savoir davantage. Reste plutôt sur notre site.