L’autre (1972)

L'autre sur La fin du film

Alors c’est l’histoire d’un mec. Ou plutôt de deux. Et comme ils sont jumeaux, chacun est « l’autre » de l’autre, histoire de justifier le titre. Jusqu’ici, normalement, tu me suis. Il faut pourtant qu’on te dise qu’ils ont vingt-deux ans. À eux deux. Façon tordue de faire comprendre qu’ils ont onze ans chacun. Toujours aussi normalement, tu t’attends à deux petits gars mignons tout plein, qui prennent le matin leur Ricoré en famille, dans le jardin s’il fait beau. Mais non ; d’abord, parce qu’ils ne bouffent pas de Ricoré dans le Connecticut (enfin, je suppose ; jamais fichu les pieds dans le coin) ; ensuite, parce que ça se passe en 1935.

On comprend très vite que quelque chose ne va pas, car leur famille connaît un taux de mortalité légèrement supérieur à celui enregistré à Bagdad depuis que les Yankees y ont apporté la civilisation. Futé comme tu l’es, sinon tu ne serais pas là à glander devant ton écran en faisant semblant de consulter les cours de la bourse, tu as pigé que l’assassin est l’un des deux morpions. Et cultivé comme tu l’es (sinon tu serais en train de glander plutôt sur le blog d’Assouline, qui a un bien meilleur PageRank), tu seras ravi d’apprendre, d’une part, qu’il se prend pour son frère comme Norman Bates se prenait pour sa mère (Psychose), lequel frère, en fait, est mort le jour de son onzième anniversaire en voulant tuer un chat (ce maladroit est tombé dans le puits où il voulait balancer le matou, avoue que c’est ballot) ; et, d’autre part – oui, cette phrase commence à être un peu longue, et on se demande si elle aura une fin, elle aussi –, d’autre part, il s’inspire du type qui avait enlevé le bébé de Charles Lindbergh, l’aviateur et sympatisant nazi que tu sais. Si bien que, à son tour, il enlève le bébé de sa sœur aînée, et le noie dans un tonnelet d’alcool. Gag.

La fin est grandiose, et tu DOIS l’adorer, lecteur, sans ça on te retire le bonjour : la grand-mère du gamin comprend tout (il faut dire qu’elle est russe, et l’âme slave, c’est fou, ça a des accointances avec le surnaturel). Elle décide d’arrêter les frais et de tuer son petit-fils en fichant le feu à la grange, où il joue. La grange brûle, la grand-mère meurt, mais le gosse en réchappe. Quand on te dit qu’il est diabolique. Il va pouvoir continuer à trucider ses semblables, si l’on peut dire. Youkaïdi.

Si tu veux connaître la marque de l’alcool dans lequel le polisson noie sa parente, va faire un tour sur Allocine, nous on a de la morale, on fait pas de pub. La pub, c’est le Mal.