Par suite d’un arrêt de travail… (2008)
Le réalisateur Frédéric Andrei est cet acteur qui tenait le rôle du jeune postier dans Diva, en 1981, et en dehors de la télé, il n’avait réalisé que Paris minuit, où il jouait, en 1986. Au début du film dont on te parle aujourd’hui, la France est dans son état normal, c’est-à-dire en grève : plus de trains ni d’avions. Or Marc Roux (Patrick Timsit), cadre dynamique comme ils disent dans les C.V., doit impérativement être à Rome pour y signer le lendemain un contrat qui va faire de lui un chef d’entreprise. Il prendra donc sa Mercedes pour y aller.
Mais craignant de s’ennuyer ou de s’endormir au volant, il invite Vincent Disse (Charles Berling), rencontré dans la Gare de Lyon, à lui tenir compagnie. Mauvais choix, Vincent sait à peine conduire, il préfère dormir, et ses opinions politiques sont aux antipodes de celles qu’affiche Marc, plutôt du genre à clamer que les grévistes « prennent la France en otage », comme radotent si joliment les micro-trottoirs du Journal de 13 heures dont nous enchante quotidiennement Jean-Pierre Pernaut. En fait, Vincent a fait des tas de boulots et invente ceux qu’il n’a pas fait, ce qui énerve beaucoup son compagnon de route, lequel est du genre à penser que deux et deux font quatre, je vous demande un peu.
Bien entendu, il va leur arriver un tas d’aventures qu’un type plus cultivé que ton (très humble) serviteur qualifierait sans aucun doute de « picaresques » – sans quoi il n’y aurait pas de film –, et dont, en premier lieu, le vol de la Mercedes. Les deux hommes termineront en camion-stop, voire, de temps en temps, à pied en rase campagne, ou convoyés par des copines de rencontre, la ligne droite n’ayant jamais été le plus court chemin d’un point à un autre, contrairement à ce qu’affirme une propagande insidieuse de toute évidence bourgeoise réactionnaire et au service du Grand Capital.
Mais l’inspiration divine tombe où elle veut, et les rencontres que Marc fait durant le voyage, dont celle de Fabienne (Dominique Blanc), qui l’invite à la revoir bientôt, lui donnent à réviser ses conceptions du travail, des grèves, de l’entreprise et de la vie en général, ce qui fait beaucoup pour un voyage de deux jours. Si bien que, parvenu à Rome, il envoie balader les dirigeants de son entreprise, fort occupés en fait à phagocyter une entreprise pour le compte de fonds de pensions yankees, et il démissionne. Le voilà libre, et pourvu d’un ami, Vincent ! Pas de panique, ce chômeur volontaire a déjà été contacté par des chasseurs de tête, et aura vite fait de trouver un autre travail… encore mieux payé.
Ce qui vaut mieux que de chercher du boulot sur Allocine, car là, c’est sans espoir…