The Bubble (2007)

The Bubble sur La fin du film Et à la fin il meurt

C’est Roméo et Juliette version homo, et situé à Tel-Aviv de nos jours – détail shakespearien qu’aucun critique de presse n’a relevé (un ahuri est allé jusqu’à y voir « une version de Friends »…). On vous résume : au cours d’une période militaire, l’Israélien Noam rencontre le Palestinien Ashraf. Revenu à la vie civile, il retrouve le garçon, tous deux conviennent qu’ils s’aiment, et Ashraf, qui n’a pas de papiers israéliens, est hébergé clandestinement et sous un faux nom dans l’appartement que Noam partage avec son ami Yelli, autre homo, et Lulu, une jolie fille sympathique. Jusqu’ici ça va, comme disait le type qui tombait du haut de la Tour Montparnasse et se trouvait à cet instant précis à la hauteur du vingtième étage.

Si vous êtes très politisé, vous allez peut-être suggérer que là se trouve la solution aux bisbilles soixantenaires entre Israël et ses voisins. Nous sommes bien d’accord. Mais, dans sa famille, Ashraf a caché son homosexualité – honnie officiellement dans tous les pays musulmans, quoique pratiquée avec abondance. De sorte que, lorsque sa sœur se marie à Naplouse et qu’Ashraf est bien obligé de s’y rendre pour assister aux réjouissances, il se fait pincer, le maladroit, en train d’embrasser son ami ; le fiancé de la sœur découvre ainsi le pot-aux-roses, et fait un peu de chantage : qu’Ashraf épouse sa sœur à lui, et il ne dira rien.

Tout est donc au mieux dans le meilleur des mondes possible ? Non, car il y a la fin, élément du récit que les amateurs de clichés enjoliveurs de langage qualifieraient sans doute d’« incontournable », histoire de nous dérider sainement avec des mots à la con. Et cette fin, que tu attends en trépignant, lecteur légitimement impatient, flanque par terre la belle histoire disneyenne que tu as lue deux paragraphes plus haut. Là, soucieux de renforcer son propos en faisant sérieux, le réalisateur charge la barque autant que les chaloupes du « Titanic » : le fiancé de la sœur, finement prénommé Jihad (!), s’avère être un chef du Hamas qui prépare un attentat, et on nous en informe avec une rare subtilité, puisque, en pleine cérémonie de son mariage, en présence de tous les invités, il appelle sur son téléphone portable le terroriste désigné, pour confirmer à haute voix qu’il attendra « la nouvelle » en écoutant la radio.

Puis l’attentat a lieu, et Yelli perd l’usage de ses jambes. Après cela, les Israéliens, au cours d’une opération de représailles, tuent la sœur d’Ashraf, qui décide de la venger en commettant un attentat suicide sur le lieu où son ami Noam travaille. Et tous les deux meurent.

Quand on vous dit que c’est Roméo et Juliette ! Revu toutefois par Corneille (mais non, pas le chanteur balladurien), qui nous pondrait de bien beaux vers sur le conflit entre amour et patriotisme – voilà un type qui aurait fait un excellent plumitif pour Allocine.

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