We feed the world (Le marché de la faim, 2007)
Ce film-là est bien un documentaire qui a priori n’a donc que faire d’histoire d’happy end ou autre, de chute ou de progression dramatique… Quoique justement ce dernier point soit spécifiquement travaillé et mérite donc d’être hautement divulgué.
Après qu’on a suivi aux quatre coins de la planète agriculteurs, éleveurs et représentants diplomatiques à travers plusieurs séquences bien délimitées, la dernière scène donne (enfin) la parole aux gens implicitement visés tout au long du film, ces industriels mafieux, assoiffés de capitalisme sanglant, magnats d’entreprises ne connaissant que les mots « profits » et « bourse ». Et tant qu’à faire, autant choisir cet « autrichien bronzé aux U.V. », le PDG de la première industrie agroalimentaire mondiale, Peter Brabeck, à la tête de Nestlé. L’entretien est restitué avec la sobriété que le reste du film: seul face à la caméra, M. Brabeck tente d’exposer sa vision du marché de l’agroalimentaire (une vaste source d’argent), son rôle à la tête de son entreprise (satisfaire ses actionnaires) et l’influence que cette dernière (et donc lui) peuvent avoir sur le problème de l’alimentation dans le monde (si tout va bien pour nous, ça ne sera que mieux pour eux).
Après le gigantisme présenté tout au long du film, où le rôle des humains est dans ces chaînes de production aussi réjouissant que celui de Charlot dans les Temps Modernes, ces derniers propos apportent un éclairage qui met « du vague à l’âme »: en quelques mots, Brabeck assène qu’il est normal que toute denrée, nourriture ou eau, soit commercialisée, que les problèmes de sous-nutrition ne peuvent être améliorés que si la priorité est d’abord donnée au chiffre d’affaires de son entreprise, qu’il n’a de compte à rendre qu’à ses actionnaires, et que « nous avons tout ce que nous voulons, mais nous conservons du vague à l’âme ».
Si tu veux savoir si M. Brabeck a mis du jus de viande sur sa cravate, va donc faire un tour sur Allocine.
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