Libero (2006)
Libero est un film bouleversant et ses personnages, magistralement interprétés, sonnent d’autant plus juste qu’ils sont comme dessinés en volume: ils ont chacun leurs aspérités, leurs imperfections et même les cassures qu’ils partagent leur inspirent des réactions propres. A voir absolument!
Pourtant je dois bien balancer la fin: la scène finale montre Tommi ouvrant un cadeau que sa mère a laissé au concierge de son école: un petit cadre avec une photo d’eux et un bout de papier griffonné de mots d’amour. Elle ne le fera pas tomber…
Tommi (Alessandro Morace) marche au bord du vide mais garde l’équilibre, tant sur les toits de son immeuble que face aux colères de son père submergé par les événements, ou lorsque sa mère déserte une nouvelle fois le foyer pour le premier venu. Il s’est construit une carapace assez solide pour résister à la précarité de sa famille. D’ailleurs, c’était le seul à ne pas croire au retour soi-disant définitif de sa mère Stefania (Barbora Bobulova), quand elle vient supplier qu’on la reprenne après de longs mois (années?) d’absence. Finalement ils ne se connaissent pas: elle ne sait pas si son fils a eu la varicelle ou non, et le mystère de ce qui se passe dans l’esprit malade de sa mère lui fait faire des cauchemars. Finalement, c’est comme si Tommi s’attendait à ce nouvel abandon maternel le soir où, en rentrant avec son père Renato (Kim Rossi Stuart, qui réalise aussi) et sa soeur Viola (Marta Nobili), il remarque l’absence de lumière chez eux. La pantomime est terminée: on ne joue plus à la famille unie. On survit à nouveau.
Mais cette fois Renato s’écroule. Sous le poids des dettes et de l’histoire qui se répète, il craque et s’en prend à Tommi parce que lui reste debout et refuse de se laisser atteindre. Il le considère même comme un traitre lorsque, las de nager pour faire plaisir à son père, Tommi s’arrête en pleine compétition de natation, ou le jour où il lui demande la permission d’aller en vacances avec son voisin. Renato exige de ses enfants des réactions d’adultes face à sa propre détresse. Tommi réalise alors que son père a besoin de lui et il renonce à ses vacances pour le soutenir. Etre un petit homme pour que son père ne soit plus seul. En retour, Renato lui offre les cours de foot dont il rêvait parce que « libero, c’est bien aussi ».
Si tu veux voir un bout de zigounette du beau Kim Rossi Stuart en train de repasser le linge tout en expliquant à son fils que le foot est un sport de cons, va faire un tour sur Allocine.