L’heure d’été (2008)
Prière aux curieux de ne pas demander pourquoi ce film d’Olivier Assayas s’intitule L’heure d’été, on trouve sur le marché des exégètes plus savants que ton humble serviteur, ô lecteur dubitatif. Mais sache qu’au chapitre « placement de produit », ce film est encore plus efficace que Seul au monde, film avec Tom Hanks sorti en 2001 (Cast away), qui n’était qu’un interminable spot publicitaire pour le transporteur FedEx. Il est vrai qu’ici, le produit est plus noble, puisque la publicité qu’il « véhicule », comme dit dans les journaux bien écrits, est au bénéfice de la culture, en l’occurrence, le Musée d’Orsay. Il est vrai que, sans cette contribution, l’accessoiriste eût été surmené par la recherche des objets d’art à dénicher !
Hélène Marly, 75 ans (Édith Scob), a été la maîtresse de son oncle Paul Berthier, grand artiste peintre, et a consacré sa vie à faire connaître ses œuvres. La maison familiale regorge d’objets de valeur dus à d’autres artistes, que Berthier collectionnait. Mais lorsque Hélène meurt, ses trois enfants ne peuvent garder la maison : sa fille (Juliette Binoche) et son fils cadet (Jérémie Rénier) vivent à l’étranger, donc n’y viendraient jamais. Seul l’aîné (Charles Berling) aurait aimé conserver la baraque un peu délabrée, mais il n’a pas les moyens de racheter les parts d’héritage de ses frère et sœur. Il faut donc tout vendre, et par conséquent, inventorier les trésors familiaux, dont certains seront donnés à des musées – en dation, comme disent les notaires – pour payer les droits de succession. C’est à cet inventaire et à la résolution des problèmes découlant de la succession que le spectateur va assister.
Ainsi, pour une fois, un film français parle d’autre chose que des histoires sentimentales de trentenaires bobos, du genre « Suis-je amoureux de ma voisine de palier ou de mon collègue de bureau ? » : aucune histoire d’amour, pas même un baiser avec les amygdales des acteurs en gros plan, ouf ! Une curiosité cependant, le petit ami de la fille est interprété par Kyle Eastwood, musicien renommé, fils de Clint, et qui n’avait jusque là joué que dans quatre films de son père, dont Sur la route de Madison.
Le film, très froid, n’offre qu’un seul instant émouvant, lorsque la gouvernante, la vieille Éloïse (Isabelle Sadoyan), qui va devoir prendre sa retraite, est priée par le fils aîné de choisir en souvenir un objet ayant appartenu à sa patronne défunte. Scrupuleuse comme un député sortant, ne voulant rien prendre de précieux, elle élit un vase en verre assez laid, sans savoir que, dû à Jacquemond, ce vase est d’un grand prix. L’histoire se termine de manière symbolique (un peu trop) : la maison est envahie, pour la dernière fois, par une bande de jeunes, copains des enfants de Charles Berling, qui, se foutant éperdument de l’Art et des musées, ne veulent que faire une dernière teuf. Ils ne sont pas du genre, par conséquent, à visiter sur Allociné la page du film.