La fille coupée en deux (2007)

La fille coupée en deux sur la-fin-du-film.com Et ça se termine en queue de cheval

Gabrielle (c’est encore Ludivine Sagnier, puisque nous sommes dans un film de Chabrol et qu’Isabelle Huppert serait déraisonnablement trop vieille pour le rôle) présente la météo à la télé. Normal, son nom de famille est Deneige. Warf ! À ce détail, on devine que Claude Chabrol, une fois de plus, entend se foutre du spectateur. Et sachant qu’il n’est pas nécessaire, pour cela, d’avoir beaucoup d’imagination, il filme comme depuis presque cinquante ans une histoire sur la pourriture de la bourgeoisie. Mais pourquoi faire autre chose, puisque le spectateur marche ?

Tu n’es pas convaincu, lecteur vexé, que Chabrol se paie ta tête ? C’est que tu n’as pas lu le bouquin dans lequel il racontait que, pour filmer une mouche zigzaguant sur un miroir selon un trajet convenu, il lui avait introduit un aimant dans le cul afin de la déplacer à sa guise avec un autre aimant placé de l’autre côté du miroir ! Mais considère plutôt Benoît Magimel, ridiculement coiffé, ridiculement habillé – détails qui détournent ton attention et t’empêchent presque de suivre l’histoire, tirée d’un fait divers et déjà portée à l’écran en 1955. Le cher Benoît joue un fils de famille évidemment pourri par le fric, oisif et prétentieux, qui tombe amoureux de la fille de la météo, laquelle, pas de chance, s’est entichée d’un écrivain à succès évidemment pourri par le succès, traitant ses admirateurs comme de la roupie de sansonnet (je n’ai pas osé écrire « comme de la merde », car on m’a signalé que monsieur Édouard Balladur nous lisait assidument – mes respects, monsieur le Premier ministre), et qui est évidemment interprété par François Berléand, devenu aussi envahissant que naguère Depardieu, l’un et l’autre ayant à l’écran trusté tous les rôles, sauf peut-être ceux de Jésus et Jeanne d’Arc, mais faut pas désespérer, ça peut encore venir.

Oh ! il est très bien, Magimel… dans les autres films. Ici, il ne convainc pas quand il doit sembler souffrir de cet amour saugrenu, que sa mère à lui, hautaine comme une duchesse douairière, désapprouve évidemment, vu que la dulcinée envisagée par le fiston est fauchée comme un champ de maïs transgénique après le passage de José Bové. On te passe donc deux ou trois péripéties, pour en arriver à la fin : jaloux, Magimel flingue Berléand, qui trépasse tel un pou après une friction à la Marie-Rose.

Magimel va en taule, et sa mère, faisant mine de ravaler sa fierté, supplie Gabrielle de faire un témoignage un peu bidon qui le tirera de là. Elle s’exécute, mais, la réduction de peine obtenue, se fait virer telle une malpropre par son ex-future belle-mère, qui a pris ses précautions, tu imagines bien, vu que « les bourgeois, c’est comme les cochons », etc.

Après ça, Chabrol, qui ne sait plus comment terminer son film, petite carence imaginative qui le poursuit depuis ses débuts en 1959, s’est dit que ce serait pas mal d’illustrer le titre de son film (qui, en fait, signifie « la fille partagée entre deux hommes », mais le spectateur est trop nunuche pour piger), et nous montre Gabrielle dans un numéro d’illusionniste, où le magicien la coupe en deux avec une scie géante, comme le faisait David Copperfield. Ça fera toujours frémir les gosses, comme ils disent sur Allocine.