Le temps qui reste (2005)
Romain (Melvil Poupaud), photographe de mode, trentenaire habitué aux excès, est atteint d’un cancer généralisé. Le temps qui reste, il ne va pas le passer à se soigner. A quoi bon ? D’abord secoué par cette nouvelle donne, il n’arrive pas à l’annoncer à ses proches, sauf à sa grand-mère Laura (Jeanne Moreau) « parce qu’elle aussi elle va bientôt mourrir ». Il va même rompre avec Sacha (Christian Sengewald, erreur de casting ?) pour ne pas avoir à le lui dire. La douleur s’installe et il devient urgent de s’apaiser (il redevient plus tendre avec sa soeur, tout en restant à distance pour qu’elle ne sache pas).
Et d’avoir un dernier contact charnel: il accepte alors la proposition de Jany (Valeria Bruni Tedeschi), serveuse sur une station d’autoroute, de coucher avec elle avec le consentement de son mari stérile afin de lui faire un enfant. L’occasion pour Romain de ne pas mourir tout à fait. Dans son testament, pour lequel Jany et son mari se portent témoins, Romain reconnaît l’enfant à naître et lui lègue tout. Il est très faible mais il part voir la mer une dernière fois. Le plus dur, ce sont tous ces souvenirs de l’enfant qu’il était. Sur le sable, après quelques prises de vue pour immortaliser ses derniers instants, il s’allonge. La plage se vide de ses touristes, laissant le soleil mourir dans l’eau derrière son profil immobile.
Ozon a encore frappé. Et il frappe fort. Comme dans Sous le sable, les silences sont parlants et l’émotion n’est pas extorquée. Il filme les scènes d’amour avec pudeur et poésie, même si on craint un instant une dérive à la Gaspar Noé. Il n’insiste pas tant sur la maladie, même si Romain souffre beaucoup dans son corps, que sur la difficulté de vivre quand on sait qu’on n’a que quelques semaines devant soi. Que faut-il faire? Romain ne le sait pas, il tâtonne, il fait. Ses souvenirs s’insinuent sans faux raccords dans son présent, ils se dupliquent comme pour dire, un enfant est à naître et il sera un peu moi.
Sur Allocine, tu apprendras que ce film est pour Ozon le deuxième volet d’une trilogie sur le deuil et que le prochain devrait raconter la mort d’un enfant – y a pas à dire, il nous tarde…
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