Les larmes du soleil (2003)

Les larmes du soleil sur La fin du filmEt à la fin il gagne

Le générique de fin affiche une citation d’Edmond Burke: « La seule chose nécessaire au triomphe du mal, c’est l’inaction des hommes de bien ». Voilà qui résume à merveille (s’il en était besoin…) le conflit intérieur qui agite le lieutenant A.K. Waters (Bruce Willis) durant tout le film. Même, à un moment, il se prend la tête dans les mains et il dit: « La seule chose nécessaire au triomphe du mal, c’est l’inaction des hommes de bien » (sauf qu’il le dit moins bien, évidemment, vu que c’est un soldat, pas un philosophe – d’un autre côté, il aurait été philosophe, il se serait pas pris la tête dans les mains, il se serait caressé le menton d’un air songeur, et ça aurait laissé moins de traces de crasse virile sur sa petite gueule de baroudeur).

Autre élément qui a son importance, si Bruce Willis avait été philosophe et pas lieutenant de l’armée US au Nigéria (lui-même sur le point de basculer dans la guerre civile après l’assassinat du Président et de sa famille), peu de chance qu’il se fût retrouvé à gérer une mission d’exfiltration d’une belle humanitaire à principes (Monica Bellucci dans le rôle du docteur Lena Hendriks). Par contre, question barrage en couille de ladite mission, ç’aurait sans doute été kif kif. Parce qu’au lieu d’un toubib en jupe, il se retrouve à trimballer dans la forêt tout un village de réfugiés, et qu’en plus on finit par s’apercevoir que parmi les villageois se planque le fils rescapé du Président assassiné (et un colonel resté fidèle au fiston, et un espion qui indique à leurs poursuivants assoiffés de sang la position des fuyards, et un raton laveur).

Bref, le froid lieutenant finit par renoncer à son détachement de soldat(s). Ben oui: parce qu’en prenant parti pour le toubib, les villageois et le fiston royal (au Nigéria, les Présidents sont de sang royal, me demande pas d’expliquer, c’est comme ça), il se retrouve à entraîner à la mort la quasi-totalité de ses hommes. Etre un homme de bien qui fait obstacle au triomphe du mal, ça a pas que des bons côtés – mais ça en a quand même, rassure-toi: à la fin, Bruce réussit à sauver une bonne partie des réfugiés dont les ceusses qui ont touché le plus gros cachet (Monica Belluci et le fiston royal au premier chef), en conduisant tout ce petit monde jusque dans un camp de réfugiés américain. Là, une maman noire retrouve son fils noir tandis que les autres noirs retrouvent le fils noir de leur Président royal et commencent à danser la farandole. Bruce et Monica embarquent dans un hélico de l’armée US et laissent les gentils noirs célébrer leur gratitude envers les gentils blancs à grand renfort de youyous et de déclaration d’amour éternel; à certains signes qui ne trompent généralement pas dans le cinéma ricain, on a bon espoir que le lieutenant finira par se taper le toubib. Quand je te disais que ça avait du bon de faire obstacle au triomphe du mal…

Si tu veux te faire une idée plus précise de la géopolitique africaine vue par Hollywood, va donc faire un tour sur Allocine.

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