Into the wild (2008)

Into the wild sur La findu filmEt à la fin il meurt

Christopher Supertramp (non, rien à voir avec un groupe de rock gentil prenant son petit déj’ outre-Atlantique) s’est fixé pour défi d’affronter la nature sauvage avec pour seules armes celles d’un sauvage à l’état de nature – ou presque. Outre une paire de bottes en plastique marquées du numéro de téléphone de leur précédent propriétaire, il emporte quand même quelques babioles pour sa traversée de l’hiver en Alaska: un fusil, un pull, des allumettes, des stylos que le gel le plus rude n’empêche pas de fonctionner, deux trois bouquins dont un qui s’intitule « Comment reconnaître les plantes comestibles de la flore sauvage américaine » (ou quelque chose comme ça; en tout cas, bien le genre de bouquin dont la lecture peut consoler le pedzouille paumé au milieu du désert depuis trop longtemps, oui, merci M. Capdevielle).

Comme Jean-Patrick, Christopher se demande à quoi ça sert toutes les règles du jeu un peu truqué qu’on veut lui faire jouer les yeux bandés – du coup, une fois son diplôme de fin d’études en poche, il plaque là ses parents, sa soeur, ses études de droit à Harvard et disparaît au volant de sa vieille Datsun, happé par l’immensité américaine. Sur sa longue route vers l’Alaska, où il a rendez-vous avec lui-même, il s’arrange pour balancer toutes ses éconocroques (dans les 25 000 dollars, quand même) à Oxfam, pour descendre des rapides en kayak et se faire courser par la police fluviale, pour arranger les bidons d’un vieux couple de hippies de la route, et même pour repousser les avances d’une mignonne gamine de seize ans vaguement chanteuse folk – Christopher, c’est un poète, mais il a de la moralité…

C’est sans doute pour ça qu’en dehors d’un passage à tabac par la police des trains, son périple s’accomplit comme sous la lumière d’une bonne étoile jamais distraite – elle brille encore au bout de la route, quand arrivé en Alaska après presque deux ans de fugue et lâché dans la nature par son dernier compagnon de route, Christopher déniche un vieux bus abandonné, celui de l’affiche. Il y installe ses quartiers d’hiver et s’apprête à affronter ses propres limites. Quant à savoir pourquoi il fait tout ça, c’est un savant mélange de papa pas gentil, de maman salope, de Jack London et de Thoreau (un genre de philosophe qu’ils ont là-bas aux States). Et des bouquins, l’en a lu, le Christopher, même que ça va causer sa perte: sur le point de retourner vers la civilisation, réconcilié avec lui-même et avec les hommes, il se retrouve coincé par le dégel et ses rivières en crues, obligé de passer l’été au milieu de nulle part, et sans rien à bouffer. Alors, il part à la cueillette de plantes locales, armé de son « Comment reconnaître les plantes comestibles de la flore sauvage américaine » – et là, pas de bol, il se goure.

Avant de mourir des semaines plus tard des suites de cette intoxication, il rencontrera encore un ours, mais c’est déjà presque une autre histoire, comme ils disent sur Allocine (OK, ils disent pas ça sur Allocine, mais Christopher a presque certainement lu Kipling).

 

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