Le Prestige (The Prestige, 2006)

Ce film est un vrai cas de conscience: est-ce que je raconte juste la fin, ou est-ce que je livre aussi le secret des tours de magie qui ponctuent le scénario? – tu verras bien. Ce qui me retient, en fait, c’est même pas la déontologie, c’est la crainte que tu sois toi-même magicien, ami lecteur.

Parce que les magiciens, c’est des hargneux. Déjà dans L’Illusionniste… mais on y reviendra dans un prochain billet. Toujours est-il qu’ici, Christian Bale et Hugh Jackman se tirent une bourre… – à côté, Saroumane et Gandalf dans le Seigneur des anneaux c’est de la gnognotte. Ces deux-là se détestent et arrêtent pas de se faire des coups tordus à base de cages à oiseau piégées et de doigts arrachés. Et que je te torpille ton spectacle devant tout le monde, et que je te pique ta copine, et que je te vole ton numéro – ça s’envenime sérieux et ça finit par dégénérer autour d’un numéro de magie ultime mis au point par Christian Bale. Imagine le truc: au beau milieu d’une scène vide deux portes distantes de plusieurs mètres et que rien ne relie. Christian Bale disparaît par l’une et réapparaît par l’autre à la seconde suivante. Mais comment fait-il? C’est toute la question, précisément (j’ai déviné le truc au bout de dix secondes – et toi, en seras-tu capable?) qui met en rage son pote Hugh.

De plan machiavélique en plan machiavélique, Christian Bale se retrouve en prison, accusé du meurtre de Jackman: celui-ci a réussi à reproduire en plus spectaculaire encore le tour de son meilleur ennemi, grâce à une machine électrique inventée par Tesla qui permet de fabriquer des clones (son seul défaut: tout un tas d’arcs lumineux qui ont tendance à faire se dresser les cheveux sur la tête des dames) – Jackman tue son clone en plein spectacle et s’arrange pour que ça retombe sur Christian Bale venu farfouiller pour percer son secret. Bale est condamné et exécuté, puis déboule chez l’autre pour se venger: le secret de Christian Bale, c’est qu’il a un frère jumeau – chacun assume alternativement l’identité publique du magicien tandis que l’autre reste dans l’ombre, grimé, sous l’identité de son assistant-ingénieur (Hugh Jackman aussi a le sien, chargé de mettre au point les trucages de ses tours). Le jumeau survivant tue Hugh Jackman et met accidentellement le feu à l’entrepôt où celui-ci stocke la machine de Tesla et les clones assassinés qu’elle a produits, représentation après représentation. Rideau (ce qui suit ne mérite pas d’être raconté ici).

Oh oh… Je crois que j’ai révélé le secret du fameux tour de magie, au passage…

Si tu veux savoir pourquoi ces deux-là se détestent tellement, va donc faire un tour en salle, parce que c’est pas précisé sur Allocine.