Plein soleil (1960)

Plein soleil sur La fin du filmEt à la fin il meurt

L’original du film « Le Mystérieux Ambitieux Secret Triste Solitaire Troublé Dérangé Amoureux Musicien doué Intelligent Beau Tendre Sensible Hanté Passionné Talentueux Mr. Ripley » (c’est le titre complet de la version de 2000 avec Matt Damon), tiré du même roman de Patricia Highsmith, tient toute sa dramaturgie dans sa dernière scène: Tom Ripley (Alain Delon) a donc réussi à tuer son ami Philip Greenleaf (Maurice Ronet) en le jetant par dessus le bord de son propre bateau, à s’approprier sa fortune moyennant quelques autres petits meurtres lui permettant d’en faire hériter sa veuve (Marie LaForêt)… qu’il a en plus séduite!

Tout semble donc parfait pour lui et au final, il cherche à conclure la vente du bateau-scène du crime à un riche armateur. Le soleil italien brille toujours autant, et Tom, qui ne peut assister à la vente à cause de la présence du père du défunt qui le connaît déjà, profite sagement de ses succès et de son futur en sirotant ce qu’il y a de mieux en Italie dans l’attente du coup de fil achevant la négociation. Le futur acquéreur, en bon marin, fait lever le bateau pour inspecter l’état de la coque, absolument irréprochable, en compagnie de la veuve et du père. Seulement l’os n’est pas la quille: un cordage s’est pris dans l’hélice du bateau, et traîne derrière lui un lourd poids d’où ressort… une main. Main qui n’est évidemment que la partie émergée de l’iceberg, ou plutôt du corps de Philip Greenleaf pris dans ce cordage…

Stupéfaction de la veuve qui croyait son mari suicidé suite à un des meurtres commis par M. Ripley, ébahissement du père pour les mêmes raisons et réaction immédiate de la police dont les soupçons se confirment. La mécanique de cette chute est d’une rare superbe: malgré ses crimes et délîts, la conduite de Ripley ne semble jamais vraiment condamnable dans ce bel univers méditerranéen, tant le talent rocambolesque dont il a dû faire preuve pour mener à bien tout cela est sidérant – James Bond est vraiment ridiculisé avant même d’être sorti en salles. Le spectateur semble alors pouvoir rêver d’une fin où – enfin! – le méchant, pas si méchant que ça, pourrait profiter de toutes ses exactions, et jouir plaisamment de son destin fort enviable et presque pardonné…

Mais le fatum latin l’emportant sur le happy end hollywoodien, notre solitaire anti-héros, écrasé par tous, finira avec pour tout magoti… la pitié du spectateur. Si tu aimes la culture et le flegme britannique, va donc potasser la fiche du film sur Allocine.

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