Rosario (2006)
L’est pas jouasse tous les jours, Rosario (Flora Martinez aïe aïe aïe mon frère!). Faut dire que ça a plutôt mal commencé pour elle, on finit par apprendre que sa mère l’a gentiment glissée dans les pattes de son père (ou de son beau-père?) quand elle avait une dizaine d’années (sauras-tu retrouver dans ce film colombien toutes les références à Almodovar? entre l’inceste, les scènes au cimetière et quelques autres bricoles, ça ne manque pas…), qu’un peu plus tard (ou plus tôt, tout ça est un peu flou…) elle a été violée par un sale type au coin d’une ruelle, qu’elle a fini par retrouver le sale type des années plus tard, qu’elle a entraîné le sale type chez elle (chez sa mère, en fait) sans qu’il la reconnaisse et l’a émasculé avec des ciseaux – d’où à la fois son surnom de Rosario les ciseaux et sa relation si étroite avec son frère Jonhefe (Rodrigo Oviedo) le tueur à gages, qui l’a recueillie quand sa mère l’a foutue dehors.
Y aurait de quoi réécrire les Misérables, avec tout ce qu’elle a encaissé, mais son truc à Rosario c’est pas la causette (si tu lis à haute voix tu verras y a une astuce): même que ça fout la haine à Emilio (Manolo Cardona), qu’elle a allumé dans la boîte de nuit de ses patrons de la pègre de Medellín, avec qui elle baise à qui mieux mieux mais à qui elle ne raconte rien de sa vie – elle préfère tout raconter au meilleur ami d’Emilio, Antonio (Unax Ugalde dans un rôle tout en douceur dans un film où c’est pas la douceur qui domine) le discret / secret / timide / fidèle / etc.
Ça va foutre la merde entre les deux potes, cette histoire, mais c’est presque un détail, tellement tout finit par barrer en couille pour Rosario: son frère se fait buter, pour le venger elle se met elle aussi à buter dans tous les coins (y compris son protecteur, si j’ai bien compris), elle s’attire des tas d’ennuis, commence à partir en vrille de la tête, laisse la la baraque où elle a trouvé refuge virer à la porcherie. Heureusement, Antonio le discret / secret / timide / fidèle / etc. est là, il l’aide à s’en sortir. Les deux zigottos finissent d’ailleurs par se dire qu’ils s’aiment, ils passent une folle nuit d’amour et au petit matin… la police débarque et embarque Rosario.
Elle écope d’un an de prison pour on ne sait quel crime (je veux dire: des crimes, on la voit en commettre plein, mais aucun qu’on imaginerait lui valoir moins que la perpétuité). Le jour de sa sortie de prison, elle donne rendez-vous à Antonio le discret etc. dans la boîte de ses anciens patrons, qui a d’ailleurs changé de nom entre temps. C’est là qu’il la retrouve en train de danser dans les bras de son ex Ferney (Alonso Arias, son ex d’avant qu’elle allume Emilio et qu’elle le laisse tomber pour Antonio): son ex l’embrasse tout comme elle avait l’habitude d’embrasser ses victimes avant de les abattre… et lui tire plusieurs balles à bout portant. C’est là que le film commence: Antonio déboule à l’hôpital en tenant dans ses bras une Rosario ensanglantée – à la fin du film, deux heures plus tard, elle meurt sur le bloc.
Si tu veux en savoir plus sur les rituels funéraires dans les bidonvilles colombiens, va donc faire un tour sur Allocine.
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