Batman – The dark knight (2008)
Comme ce sixième long-métrage des aventures de Batman, réalisé par Christopher Nolan, dure deux heures et vingt-trois minutes, il est si riche en péripéties et en dialogues que ma camarade Schéhérazade herself déclarerait forfait. On va donc méchamment résumer – pour une fois, diront les mauvaises langues.
Il se trouve que le principal personnage n’est pas Batman (Christian Bale, qui a peu d’occasions ici de déployer son talent) ! Étonnement de ta part, lecteur batmanophile. L’histoire est en effet dominée par le Joker (Heath Ledger), qu’on ne verra plus sous cet aspect puisque l’interprète est décédé, et par le procureur de Gotham-City, Harvey Dent (Aaron Eckhart). Le Joker, dont la devise est « Ce qui ne vous tue pas vous rend encore plus bizarre », et qui adore voir les gens se battre entre eux, commence par dévaliser une banque où la pègre de Gotham-City cache son argent, et incite ses complices à s’entretuer. Bien sûr, il reste le seul survivant ! Puis il propose à ceux qu’il a dévalisés de les débarrasser aussi de Batman, en échange de la moitié de l’argent qui leur reste, ce qu’évidemment les affreux refusent. Le Joker promet alors de tuer chaque jour un habitant de la ville tant que Batman ne se sera pas démasqué. À mon avis, il lui en veut.
C’est justement l’époque où le nouveau procureur, Harvey Dent, officie à Gotham, promettant aux citoyens de réduire à néant le banditisme ; comme qui dirait, de nettoyer la ville au Kärcher. Il manque d’ailleurs d’être tué en plein tribunal par un témoin mafieux du procès d’un chef de la pègre, qui a pris sur lui l’accusation de son chef, probablement contre une solide compensation – et ledit chef est ainsi libéré. En prime, Dent se méfie… de la police, on se demande bien pourquoi, vu qu’il n’y a pas plus intègre qu’un flic étatsunien : comme tu vois, lecteur au sens civique pointilleux, il n’y a pas qu’en France que la justice est aussi efficace que la police, et se couvre de gloire.
Or Bruce Wayne, riche industriel dont seul le lecteur qui a vécu toute sa vie sur Mars ignore que c’est Batman, se demande si on peut faire confiance à ce nouveau proc’, d’autant plus que ledit est en couple avec Rachel (Maggie Gyllenhaal), l’ex-petite amie du Chevalier de la Nuit – celui du titre, surnom de Batman, et je soupçonne un jeu de mots sur knight et night, vu l’ambiance nocturne de tout le film. Mais Dent parvient à se faire un ami de Bruce, enfin convaincu que le procureur est sincère et capable, et qui offre de lancer une souscription pour réunir des fonds afin de soutenir son action. Les pontes de la pègre, bien qu’avertis par leurs espions dans la police, sont tous arrêtés après avoir été dénoncés… mais le juge qui les condamne est assassiné par le Joker. Mieux, un journal annonce que la prochaine victime sera le maire. Effectivement, durant une cérémonie, un membre de la garde d’honneur tire sur le maire, mais le lieutenant Gordon s’interpose et prend la balle à sa place, alors que le tireur, qui n’était autre que le Joker, est arrêté.
Mais arrêtons les détails, et sautons à l’essentiel : il se trouve que Dent se met à pédaler dans la choucroute, parce que Rachel a été tuée, et parce qu’il a été défiguré par un incendie allumé par le Joker. Il passe ainsi dans le mauvais camp, et se met à tuer des gens. Voilà donc deux méchants en lice – comme dans L’incroyable Hulk, quel hasard –, et qui vont faire pas mal de dégâts. Mais c’est bien le Joker qui a les meilleures idées. Je te donne un exemple, pour que tu en profites en cas de besoin. Deux ferries quittent Gotham-City, mais tombent en panne au large, et la voix du Joker avertit les passagers par haut-parleur : sur chaque bateau se trouve un détonateur caché, et les navires sont bourrés d’explosifs. Le détonateur du bateau A peut faire sauter le bateau B, et vice-versa. Si aucun des deux bateaux n’a réussi à faire sauter l’autre avant minuit, ils sauteront tous les deux ! Inventif, non ? Ils devraient essayer ça sur France 3, pour Intervilles. Le Joker fait aussi sauter l’hôpital où Dent était soigné (rassure-toi lecteur au cœur sensible, il en réchappe, quoique provisoirement), mais c’est du tout-venant et ne vaut pas la peine d’être mentionné.
La fin du film est saisissante : Dent meurt, et parce que la ville a besoin qu’il ait été un héros visible, tous ses assassinats seront, à sa demande (quelle abnégation !), collés sur le dos… de Batman, qui, du coup, devient l’ennemi public numéro 1. En effet, la mission qu’il s’est assignée, c’est de faire ce qu’il faut, pas d’être un héros. Il devient ainsi un bouc émissaire, on démolit le fameux projecteur qui permettait à la ville de lui lancer un signal de détresse, et il doit désormais se cacher, car les chiens sont lancés sur lui. N’écrivez pas pour dire que ça finit en « queue de cheval » (sic), c’est juste pour amorcer la pompe qui va produire un septième film. Quant au pauvre Batman et à sa vocation, aidez donc les gens, comme ils (ne) disent (pas) sur Allocine.
Les commentaires sont fermés.