Bellamy (2009)
Noël Gentil (Jacques Gamblin), qui s’appelle en fait Émile Leullet – et c’est par le plus grand des hasards chabroliens que ce patronyme sonne comme celui de l’ancien patron de TF1 –, tient absolument à se confesser au commissaire Paul Bellamy (Gérard Depardieu), et ne me demande pas pourquoi, lecteur trop curieux qui n’a pas encore compris que Chabrol se fiche de ses scénarios à peu près autant que des journalistes qui l’interviewent. Leullet, en effet, a tué un clochard, qui lui ressemblait un peu, et depuis, il se cache dans un motel. Pourquoi ?
En fait, Leullet, cadre depuis vingt ans aux assurances Axa, s’est mis dans de sales draps en escroquant sa boîte, afin de payer le crédit de sa maison, où vit sa femme (Marie Matheron), et de partir sous d’autres cieux avec sa maîtresse Nadia Sancho (Vahina Giocante). Il n’a plus un sou et craint d’être découvert. Seule solution, faire croire à sa propre mort au moyen d’un cadavre de rechange dûment calciné dans une voiture accidentée. Classique. La seule originalité, c’est qu’il a appâté la victime, recrutée par Nadia (et ne me demande pas non plus ce que Sancho pensa de la combine), en lui promettant de l’emmener au Cimetière marin de Sète, où est enterré Georges Brassens ! Le clochard est donc mort à deux pas de la tombe de son idole, ce veinard. Or ce clochard, très malade, était en outre suicidaire, histoire de simplifier la situation. Et Leullet craint les suites, ce qui doit être une excellente raison pour tout raconter à un commissaire de police, dans l’univers chabrolien.
Ce n’est pas le seul souci de Bellamy, dont les vacances à Nîmes dans la maison d’enfance de sa femme Françoise (Marie Bunel) sont ainsi un peu perturbées, mais il adore s’occuper des autres : il y a aussi en visite son demi-frère Jacques Lebas (Clovis Cornillac), qui envie sa chance, ne fait rien de bon, vit d’expédients, boit son vin, lui emprunte voiture et argent, est désagréable avec ses amis auxquels il vole deux mille euros, et en supplément lui piquerait bien sa femme. Pourquoi tant de haine ? Parce que sans cela, il n’y aurait pas de film, risqueras-tu en guise d’explication, et tu auras tort, voir plus loin.
Finalement, Leullet se constitue prisonnier, il doit donc passer aux assises. Le temps pour toi, spectateur perplexe, de t’étonner que la justice soit si rapide à Nîmes puisque le mois de vacances du commissaire n’est même pas terminé, et tu feras connaissance avec l’avocat de l’accusé (Rodolphe Pauly), qui vient tout juste de décrocher son diplôme, plaide pour la première fois, débute aux assises comme c’est tout à fait normal (on confie toujours la défense des assassins à des débutants), et remplace sa plaidoirie par… une chanson de Brassens, si-si ! Moyennant quoi, le jury, charmé, acquitte ledit assassin, ainsi que l’aurait fait n’importe quel jury.
Après cela, on apprend que le demi-frère du commissaire est mort d’un accident de voiture, et que, s’il en voulait autant à Bellamy, c’est parce que celui-ci, au temps de leur jeunesse, avait tenté de l’étrangler, mais avait été interrompu par leur grand-père. Et depuis, Bellamy a « trouvé une sorte de dignité en se méprisant lui-même » (sic). Hélas, le côté burlesque de cette histoire a échappé aux critiques d’allocine.fr.
Les commentaires sont fermés.